Vers un chemin de Lumières
Les élites autoproclamées
qui nous dirigent, une fois passées de l’ombre à la lumière (des projecteurs)
connaissent trop souvent le vertige du pouvoir. Grisées par les honneurs pas
toujours mérités qui ponctuent les ouvrages de leurs administrations,
subordonnés et/ou délégataires, enivrées par l’amour de soi, la vanité, elles
dérivent insidieusement vers des comportements exacerbés, parfois poussés au
paroxysme, contre-valeurs de leurs engagements, leur faisant perdre de vue
l’intérêt général, au point de ne plus discerner l’urgent, le nécessaire ou
l’utile du superflu.
Eux qui, guidés par
leurs convictions et leur engagement politique au service (théoriquement) « du
bien commun », de leur prochain, des plus nécessiteux, devraient en chaque
occasion travailler à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement
intellectuel et social de l’humanité, guider les profanes, les initier en leur
montrant la voie et faire preuve d’une grande Humilité.
Seulement voilà, devant
l’incompréhension que suscitent les projets qu’ils échafaudent en catimini et
justifient au grès des contraintes, de faux-semblants et de pressions de tous
genres, ils ont recours aux pires turpitudes qui soient pour les gardiens qu’ils
devraient être, du temple de la droiture (du cordeau), de la rigueur (de la
règle), de l’Honnêteté...
Tout se serait passé
sans écume, s’ils n’avaient oublié l’innovation en matière de communication. Car
nous ne sommes plus au temps où les informations étaient contenues sous le
boisseau pendant des lustres pour ne resurgir, que bien trop tard, au gré des
procès ou des scandales médiatiques. Aujourd’hui, les moyens de communications
et de diffusion de l’information cristallisent les énergies (initialement dissociées)
et leur confèrent ainsi une capacité de connaissance, (de co-naissance), de recomposition
des projets qu’elles jugent inappropriés.
Le temps faisant son
œuvre, le vernis fini par s’écailler, les masques par tomber et la vérité par
resurgir toujours à la lumière.
Dans le cas du projet OL
Land avec son grand stade, ce qui nous éclaire aujourd’hui, ce n’est pas son dernier
nom de baptême, mais le temps qui s’écoule et qui par obligation ou au grès de
lapsus révélateurs, lève le voile. Le profane découvre que la promise n’est pas
si belle (ça, nous le savions) et, qu’elle s’avère bien trop chère (ce que nous
disons depuis le début).
A l’origine, il s’agissait d’un projet de stade à 400M€, entièrement financé par le privé ;
Courant 2006, l’OL annonçait pouvoir prendre possession de celui-ci à la saison 2010-2011 au lieudit le Puisoz à Vénissieux ;
Puis il devait se construire à Décines (au Montout), les grues devaient être sur le chantier en 2010 sinon le grand stade ne se ferait pas ;
Les terrains cédés à l’OL par le Grand-Lyon et la Ville de Décines devaient l’être au prix de 40€/m²décidé par les domaines ; mais Thierry Sauvage, Directeur de l’OL Groupe, au gré d’une enquête de police confirma qu’il s’agissait en fait d’un accord tacite entre Gérard Collomb et Jean-Michel Aulas, avant même que le Conseil Communautaire et les domaines eussent été consultés ;
Le grand stade devait
être accessible en Transport en Commun par 60% des spectateurs… Mais en conseil
communautaire le 10 septembre dernier, Gérard Collomb déclarait à propos du
centre commercial de Peyssilieu-Montout
« L’ensemble des décisions que nous avons prises sont
des décisions conformes à la fois au PLU et à l’analyse des déplacements que nous avions fait dans le Grand Est à
propos de la future réalisation du stade du Grand Montout, où nous avions
pris en compte cette
possibilité de déplacements ». Il faisait là référence à l’étude
du CETE d’avril 2008 qui dit : p8 « parmi les 60.000
spectateurs, 46.300 viendront en voiture… » Soit 77%.
Bernard Rivalta a annoncé en conseil du Sytral : « Que les aménagements de la ligne de tram T3 serviraient aux navettes du grand stade », alors qu’il avait nié cette évidence durant toutes les concertations.
Jean-Claude Desseigne Vice-président du Grand-Lyon, suivi par le Maire de Décines, imagine prolonger le Métro depuis La Soie jusqu’au Montout pour desservir convenablement le grand stade par les TC (coût entre 400 et 600M€ supplémentaires);
Jean-Michel Aulas qui répétait
à l’envie n’avoir aucun problème pour financer son stade a demandé avec
insistance (voire en menaçant) la caution du Conseil Général du Rhône pour
pouvoir essayer de lever des capitaux qui lui font manifestement défaut et boucler
son financement... JMA le 14 juin 2005 (La Tribune .fr) : «L’investissement
nécessite 250 millions d’euros environ, on a les investisseurs, ça ne coûtera
rien à la ville ».
JMA le 15 novembre 2012 dans
sa lettre de demande de caution à M. Mercier :
«Il serait regrettable que l'opération ne puisse se réaliser en vue de l'ensemble des travaux déjà entrepris voire achevés en matière d'accessibilité et de viabilité des emprises foncières.»
Michel Mercier lors de
la réunion Conseil Général du 30 novembre : « Si nous pensons que le Grand Stade est utile, on l'aurait fait. On
aurait dû payer, en plus des accès, le stade... ». Et de pronostiquer un
peu plus tard : en cas d'échec (du financement ?) du stade "une
municipalisation" de l'équipement.
Enfin, (épilogue
provisoire) Gérard Collomb et Michel Mercier se sont mis d’accord dans le
silence des alcôves (ou des loges) pour chambouler le paysage politique local. Ils
se partagent le département en deux sans même avoir consulté leurs assemblées,
ni les citoyens (mais à quoi bon puisqu’ils sont élus). Le Grand-Lyon héritera ainsi
de dossiers particulièrement sensibles qui relèveront demain de sa
compétence : "Le musée des Confluences, la caution financière pour le grand
stade, les prêts « toxiques » du CG69 (pourtant dénoncés par Thierry
Philip Président du Groupe socialiste au CGR69)". Gérard Collomb récupère ainsi
la caution du grand stade qu’il n’aurait jamais pu faire passer au Grand-Lyon.
La boucle est ainsi bouclée, ce que Gérard Collomb
Maire de Lyon déclarait ne pas vouloir en 2006 (mettre 200M€ pour agrandir
Gerland), il l’a transféré à Gérard Collomb Président du Grand-Lyon (et au 1,3 million
de Grand-Lyonnais et contribuables) en multipliant le risque par 4 ou 5. Après que
les collectivités se soient engagées à payer près de 400M€ pour les accès,
c’est encore 531M€ (381M€ pour le stade + 150M€ pour les installations annexes,
hôtels, restaurants, commerces..) qu’elles prennent le risque de devoir
débourser si d’aventure l’OL ne trouvait pas le financement. Autrement dit,
entre 800M€ et 1 milliard d’euros pour les 1,3 million de Grand-Lyonnais ce qui
représente 50 milliards à l’échelle des 62 millions de Français ! Cest cher
payé en cette période d’austérité.
Les grands maîtres des loges de Gerland ont oublié
que devant les vicissitudes de la vie des projets, ils
restent d’éternels apprentis. Qu’en tout, mais surtout en matière de grands
projets, il faut faire preuve d’Humilité, sans cesse remettre l’ouvrage sur le
métier et savoir arrêter un projet pendant qu’il est encore temps, plutôt que
de succomber à la griserie du pouvoir, même pour une
« métropole européenne ».
C’est humblement ce que nous leur demandons.
quelle belle genèse !
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